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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 21:29

Bonjour !

 

Comme promis, voici un petit (non, long) retour sur cette fameuse navigation de samedi. C’était la dernière séance de l’année (et la dernière pour moi en club), donc on a navigué toute la journée. Et pour nous dire au revoir, Neptune et Eole nous ont vraiment gâtés J

 

Le matin :

Conditions : 25 nœuds établis (6 Beaufort, environ 50km/h) d’Ouest. Mer agitée, environ 3 mètres de creux dans le sens du vent. Faible coefficient, marée quasiment à l’étale, pas de courant.

 

Pour les 5 vaillants qui se sont levés de bonne heure, le RDV était à 9h30 à l’EVR (Ecole de Voile Rochelaise). Un petit tour à la capitainerie avec la monitrice pour relever la météo : l’anémo relève des rafales à 34nds (environ 65km/h), et la moyenne sur la dernière heure est à 25… Ca décoiffe !

 

Venu le moment de gréer. Je laisse dans sa house ma voile habituelle (7,5m²) et gréé une 5m², du coup beaucoup plus légère maniable et rapide.

 

Vers 10h30, on se lance… Fanny (la monitrice) me demande de partir en tête pour rassurer les autres (il paraît que j’étais le meilleur ce matin là), je pars en cobaye…

Pour sortir du port, il faut jongler entre le bateau bus qui rentre, les rafales irrégulières qui passent entre les pontons… pas facile, mais c’était peut-être le plus facile de la journée.

On passe une digue, la mer se forme vite, très vite, 1m, 2m de creux… On passe la deuxième digue, 2,50m… le vent monte, devient régulier. A quelques dizaines de mètres de la sortie, c’est le chaos. 3m de creux, le vent hurle dans les oreilles, la voile est intenable, faseye dans mes bras comme un petit drapeau… On tient, on survit, pendant un bord, vent de travers et travers à la houle, ça passe à peu près. Difficile de garder la planche maniable, les masse d’eau emportant l’aileron et la dérive. Ajoutez à ça une pluie forte qui fouette le visage et les mains, seules parties découvertes.

Au bout d’un moment, il faut faire demi tour, ce qui signifie virer de bord, donc passer face au vent, donc face à la houle, sans appui sur la voile puisque le vent ne prend plus dedans. Essayez de tenir sur une planche à moitié immergée montant et descendant de 3m, tapant de chaque coté, le tout en tenant la voile sans qu’elle ne tombe… Et bien je n’ai pas réussi ! Plouf ! ça devait arriver, ouhouhouhouh, c’est froid (14°).

La punition.

Quasiment impossible de relever la voile, la mer est trop dévastée. On dérive, se rapproche du bord (vent pousse vers la côte), c’est de moins en moins profond, donc des rouleaux se forment. On essaye de survivre entre les séries de machine à laver, se faisant rouler et balloter dans tous les sens… Au bout de quelques minutes de torture, on fait un gros effort, et on réussi à remonter la voile et repartir. Parallèle aux rouleaux, le but est, quand le rouleau approche, de lofer pour la prendre de face, mais ça avec de la vitesse, ca fait un saut ! et hop, voilà qu’on se met à jouer à saute mouton dans les rouleaux, en essayant de retomber sur la planche, et de tenir debout.

Bref, on s’est fait secouer comme ça une petite heure, puis retour au port, quelques bords dans le port pour terminer et on remonte, épuisés, lessivés (aux sens propre et figuré).

 

En remontant ma voile, je me rend compte qu’elle est déchirée sur 50cm… woups, je crois que j’étais un peu surtoilé… Bon, le club est assuré, pas trop de remords, c’est pas grand chose…

On se change, on va manger un coup en discutant de notre échec collectif, on boit un petit godet pour se réchauffer. Les autres arrivent, ceux qui n’ont pas osé venir dès le matin… on leur raconte.

Bref, 14h, on remet les combis mouillées (horrible !), je regrée une voile parce que la mienne est déchirée, on retourne à la capitainerie pour un check météo.

 

L’après midi :

Conditions : Ca faiblit un peu, plus que 20 noeuds établis, des claques à 27, par plus. Le vent tourne un peu Nord, devient donc plus irrégulier, mais la houle se calme aussi, plus que 1,5m, 2m max.

 

Je reprends une voile de 5m², puisque ça a un peu baissé.

On sort, moins de vent, moins de houle et la guerre du matin nous a mis en confiance face à ces « conditions de demoiselles ».

Bref, à partir de là commencent les 3 heures les plus jouissives en terme de sensations de toute mon existence.

 

Rien à voir avec le matin, là, on contrôle, on arrive à faire à peu près ce qu’on veut. Au largue (vent ¾ arrière), on sent tellement la puissance dans la voile, c’est incroyable… Vous savez quand vous êtes surpris par une violente rafale, dans la rue ou partout ailleurs, que celle ci vous fait presque perdre l’équilibre, vous pousse…

Imaginez la même chose avec une voile de 5m en opposition à cette force. Toute la puissance se répercute nette dans la voile, et doit s’échapper, sans quoi mes bras cèdent, et la voile tombe à l’eau.

Pour évacuer cette incroyable force, on oriente son corps et ses pieds vers l’avant de la planche. Ca accélère, la planche tape à chaque vague, chaque vaguelette, ça fait un bouquant d’enfer. La rafale perdure. On accélère encore. A ce moment là, la planche décolle, se soulève, il n’y a plus que le tiers arrière qui est au contact permanent de l’eau. On doit se reculer sur la planche pour garder le contrôle, ça s’appelle le planning. Il faut garder un maximum de tension dans la voile, border à fond, tirer toutes cette force dans les bras… La planche plane, surfe au dessus l’eau au lieu de glisser dans l’eau. La vitesse augmente encore et encore, on a l’impression que ça ne s’arrêtera jamais d’accélérer.

 

C’est effrayant.

 

On bouge un orteil, la planche tourne de 30 ou 40°… la voile fait n’importe quoi, le corps, suspendu à la voile par le harnais est trimballé… Bon, je remets mon orteil là ou il était ! Le moindre mouvement, changement, a un impact énorme à cette vitesse là. Imaginez : vous roulez à 250km/h sur l’autoroute, puis vous tournez le volent un peu brusquement… c’est le tonneau assuré. Ici, c’est la catapulte assurée : la force du vent n’est plus évacuée comme il faut, et donc c’est le lien entre le vent et la vitesse, votre  corps, qui décroche. La voile, trop puissante, nous entraine en avant.

Pourquoi il ne lâche pas ? Ok, je lâche les mains, mais mon harnais, accroché à la voile, m’entraine. Et là, on est balancé comme par un lance-pierre, plusieurs mètre devant la planche…

Au bout de quelques catapultes violentes, on comprend ce qu’il ne faut pas faire… Plus exactement, on comprend ce qu’il faut faire ! On récupère vite le planning, et on découvre un nouveau jeu : aller prendre les rouleaux au bord et les surfer. On arrive derrière la vague, on prend le planning, on rattrape la vague et une fois passé de l’autre côté, on se met à 45° de celle ci, pour rester toujours dans le creux.

 

Et là, plus rien d’autre n’existe que vous, cette superbe vague, et cette planche à voile qui vous offre l’équivalent d’une grosse dose d’adrénaline en intraveineuse.

 

Une fois bien établi et calé à la vitesse de la vague, vous vous essayez à de petits jeux, essayer de tourner un peu devant la vague, puis remonter dedans, faire des petits zigzags, sachant que si vous tombez, vous mettrez 15mn avant de remonter, dans les rouleaux, en galère…

Là, un sens de l’équilibre incroyable s’offre à vous, un instinct de survie vous empêche de tomber, plus rien de vous arrête. J’ai ressenti des sensations comme je n’en avais jamais ressenties. On hurle, on hurle, très fort, très très fort !

 

Inexplicable. Indescriptible. Magique.

 

J’ai essayé de décrire ce que j’ai ressenti exactement à ces moments de plaisir intense, certains doivent me prendre pour un fou en disant : ouais, il a joué dans les vagues quoi ! pas besoin d’écrire un roman pour raconter ça…

Si, je vous assure que ça vaut le roman.

 

Je vous embrasse ;)

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